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Alice Aurignac, Shift Supervisor

A l’âge de 14 ans, Alice Aurignac est dans la voiture de ses parents lorsqu’elle entend à la radio l’interview d’un technicien opérant à l’offshore. Celui-ci raconte son métier, ses conditions de travail, son rythme de vie. L’adolescente est séduite par ce récit et une dizaine d’années plus tard, après un bac scientifique et une formation Arts & Métiers, elle démarre sa carrière dans une petite compagnie maritime qui lui donne l’opportunité de participer à divers projets oil & gas avant de rejoindre Saipem en tant qu’ingénieur projet. A 27 ans, elle occupe aujourd’hui la fonction de shift supervisor chez BOURBON, à bord du navire IMR Bourbon Trieste, sur le champ Akpo, au Nigéria. Interview.

 

OFFshore : Quel chemin parcouru entre cette interview qui vous a marquée et les fonctions que vous occupez aujourd’hui !

Alice Aurignac : Effectivement, le temps a passé mais il est clair que cette émission de radio a sans doute conditionné le restant de ma vie professionnelle… 

 

OFFshore : Vous êtes aujourd’hui shift supervisor, quel est votre rôle à bord ?

A. A. : C’est une fonction très centrale, qui permet d’être au cœur des opérations et demande une grande polyvalence. Le shift supervisor est responsable des opérations. A ce titre, il gère à la fois les robots sous-marins (ROV), le déplacement du navire en lien avec le commandant, les opérations de pont, le positionnement, etc. mais il est aussi en charge de la gestion du stock des outils et consommables du projet. Sans oublier le management client ! Bien évidemment, l’équipe Subsea Services à terre est très présente pour apporter le support nécessaire à la réussite des missions.

 

OFFshore : Quelles qualités vous semblent indispensables à ce poste ?

A. A. : Gérer autant de paramètres sur une opération demande évidemment une bonne dose de concentration, de l’expérience, un peu de bon sens également, mais il faut surtout être passionné et aimer son métier.

 

OFFshore : Quel est votre périmètre d’intervention lors d’une pose de tête de puits par exemple ?

A. A. : La première étape est la réception de la procédure opérationnelle, transmise par le siège. Le client nous envoie par ailleurs les spécifications techniques de la tête de puits et son futur emplacement. L’ensemble de ces données me permettent de préparer un task plan, document détaillant le déroulé de l’opération et le rôle de chacun à bord. Lorsque toutes les parties prenantes sont d’accord sur ce task plan, je réalise un lift plan, qui regroupe les données liées au levage de la tête de puits.  Enfin, le risk assessment nous permet de garantir les meilleures conditions de sécurité possibles. A ce stade de préparation, le navire peut rentrer au port chercher la tête de puits, qui ne peut être chargée en mer. Lorsque l’opération proprement dite démarre, le shift supervisor gère les operations de ponts et toute la partie Subsea avec la grue et les ROV : la descente de la tête de puits, le déplacement du navire, l’obtention des autorisations avec la salle de contrôle du FPSO, l’approche finale de la tête de puits et son verrouillage sur son réceptacle au fond.

 

OFFshore : Vous opérez sur un navire IMR, le Bourbon Trieste. Quelles sont ses spécificités ?

A. A. : Opérer à bord du Bourbon Trieste est une chance. En effet, sa taille raisonnable permet d’évoluer dans une ambiance familiale, et dans le même temps c’est un navire suffisamment grand pour embarquer 2 work ROV, une grue de 90 t et être capable d’effectuer des poses de jumpers ou de têtes de puits, en offshore continental comme en offshore profond. L’ambiance y est très bonne, j’y ai reçu un excellent accueil.

 

OFFshore : Vous souvenez-vous de votre toute première opération ?

A. A. : Je m’en souviens très bien car j’étais non seulement la seule femme à bord et mais aussi la plus jeune ! Ça ne m’a pas dérangé outre mesure car j’ai toujours évolué dans des environnements masculins mais je savais que j’allais devoir faire mes preuves et que je n’aurais sans doute pas le droit à l’erreur. Mon parcours professionnel, avec mes diverses expériences, m’a permis de mieux appréhender ce type de situations et d’y faire face.

 

OFFshore : Quel type d’opération préférez-vous gérer ?

A. A. : J’aime particulièrement les opérations faisant intervenir un maximum d’éléments, les grues, les ROV, le déplacement du navire, etc. ou encore les opérations de grande précision. J’aime les challenges !

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