" Travailler plus pour faire ses preuves "
BOURBON a mis en place un comité Diversité, Equité & Inclusion, dédié à la promotion de la diversité, de l'équité, de l'inclusion et du multiculturalisme au sein du groupe. Ce comité définit les priorités stratégiques, développe des plans d'action et soutient leur mise en œuvre à tous les niveaux. Dans le cadre de ses travaux, nous vous proposons des portraits de collaboratrices, onshore et offshore, qui partagent leurs expériences de femmes travaillant dans un secteur traditionnellement masculin... Aujourd'hui, Justine Porquet, Operational Excellence Deputy Manager chez Bourbon Marine & Logistics.
Peux-tu te présenter ?
J’ai 31 ans, je suis originaire de Gignac, près de Marseille (Sud de la France). Je suis Operational Excellence Deputy Manager au sein de Bourbon Marine & Logistics depuis juillet 2022, c’est mon premier poste chez BOURBON. Je suis titulaire d’un diplôme d’ingénieur en environnement et traitement de l’eau effectué à Limoges, ainsi que d’un diplôme de l’IAE de Limoges (Institut Universitaire de Management) que j’ai suivi afin d’avoir également une vision plus transversale de l’entreprise et pour ne pas me dédier uniquement à la recherche.
Quel est ton parcours professionnel antérieur à BOURBON ?
A l’issue de mon diplôme d’ingénieur, j’ai d’abord été Responsable Sécurité et Environnement en abattoir dans le Limousin, poste que j’ai choisi car il y avait une perspective d’embauche en CDI à la clé. Or, je suis partie seulement au bout de 10 mois. J’ai ensuite obtenu un CDD en tant que responsable QHSE dans une entreprise d’entretien industriel, puis dans une entreprise spécialisée dans les échafaudages et l’isolation en milieu industriel, où je suis restée pendant 4 ans avant d’être recrutée par BOURBON.
Est-ce un métier à prédominance masculine ? Les femmes sont-elles sous-représentées / sur-représentées ? Ou y a-t-il un équilibre ?
En HSE, c’est à peu près 50/50, mais le ratio hommes/femmes dépend surtout du secteur de l’industrie concernée. Dans certaines industries il y a en effet une grosse prédominance masculine, et, dans l’industrie en général, le HSE est une façon d’intégrer des femmes dans des industries où elles sont généralement sous-représentées.
Le HSE n’est pas un métier spécialement physique, et c’est avant tout un travail de bureau et de terrain, d’où la présence de davantage de femmes dans ce corps de métier que dans les autres corps de métier de l’industrie.
Dans certaines industries, dans lesquelles prédomine l’ambiance « chantier » et « usine », les conditions de travail peuvent être très dures, très intenses, tout comme les relations humaines, et dans ce cas le fait d’être une femme ou un homme ne fait aucune différence.
Est-ce que le fait d’être une femme a un impact sur l’exercice de ton métier ? Est-ce un plutôt atout / un facilitateur ou au contraire un obstacle ?
C’est clairement un atout, parce que les femmes apportent un effet « sentimental », plus d’affect, les collègues hommes (en particulier les ouvriers ou autres travailleurs d’usine ou de chantier) ont plus de facilité à se confier, à s’ouvrir, les femmes apportent un côté plus humain. Il est parfois plus facile pour une femme d’obtenir une information, sans conflit. Face à nous, nos collègues hommes mettent souvent plus de formes.
Petit bémol à cela : il faut avoir un minimum de caractère pour s’imposer sur les chantiers, il ne faut pas avoir froid aux yeux, il faut pouvoir réagir à des blagues parfois considérées comme déplacées, et avoir de l’humour, ne pas se vexer des blagues ou allusions graveleuses, il ne faut pas se victimiser, savoir poser ses limites et les faire comprendre aux autres.
Je n’ai jamais eu à subir de manque de respect, juste de la maladresse ou de l’humour déplacé.
J’ai noué des relations amicales avec certains anciens collègues, basées sur une sorte de rapport de protection mutuelle. Il y a eu parfois un fort attachement et j’ai gardé contact avec certains. Les hommes rencontrés sont comme des « gros nounours » au final très sensibles et très attachants.
T’es-tu déjà retrouvée dans une situation où l’on t’a fait sentir que l’on s’adressait à toi d’une façon particulière parce que tu étais une jeune femme (dans le sens positif comme dans le sens négatif) ?
La réponse est oui, dans le sens négatif comme dans le sens positif.
Par exemple, à mes débuts dans un de mes postes, l’un des directeurs m’a demandé d’emblée d’aller lui faire un café, je lui ai répondu que j’en voudrais bien un aussi, il s’est trouvé embarrassé et est parti se faire son café lui-même.
D’une manière générale, il faut peut-être travailler plus pour faire ses preuves lorsque l’on est une femme, mais une fois que l’on est « dans la place », on nous respecte d’égal à égal.
Bien sûr il y a toujours quelques remarques déplacées du style « elle a ses règles » le jour où l’on est de mauvaise humeur, ce genre de choses, des remarques, des trucs blessants, à l’encontre aussi des autres femmes de l’entreprise (remarques déplacées et parfois franchement sexistes sur le physique).
Les injustices ont joué dans mon départ, entre autres le manque de respect envers les femmes. Pour ma part, je ne parle pas forcément d’« égalité » des sexes. Je ne nie pas les différences. Mais je revendique haut et fort une réelle « équité » des sexes.
Comment comparerais-tu ton expérience en tant que HSE Coordinator chez BOURBON et tes précédents postes / ton expérience passée ?
Reposante sur tous les aspects, les gens sont à l’écoute en comparaison de mes précédentes expériences, où le combat était perpétuel. BOURBON est une entreprise qui fait attention au bien-être des salariés. Les valeurs sont véhiculées par le management, qui est à l’écoute.
Chez BOURBON, l’ambiance est plus sage, très correcte, parfois trop ! Les relations sont nettement moins frontales, parfois moins spontanées. C’est très feutré, on est plus dans le politiquement correct alors que sur un chantier, tout est sans filtre !
Recommanderais-tu une carrière dans l’industrie maritime / O&G à des jeunes femmes qui ont le même profil / les mêmes compétences que toi ?
Pas forcément sur les navires, car il y a trop de proximité, ce qui peut être compliqué à gérer. Deux mois sans sas de décompression, ce serait difficile pour moi. En revanche, je dirais aux filles : osez le terrain, car c’est formateur et il faut être au contact des ouvriers, des hommes de terrain.