« Plus de parité dans les fonctions managériales »

Par Joëlle Laillet, Hydrauserv - Repair and Maintenance Manager

Le comité Diversité & Inclusion de BOURBON est dédié à la promotion de la diversité, de l'équité, de l'inclusion et du multiculturalisme au sein du groupe. Dans le cadre de ses travaux, nous vous proposons des portraits de collaboratrices qui partagent leurs expériences de femmes travaillant dans un secteur traditionnellement masculin... Aujourd'hui, Joëlle Laillet, Repair and Maintenance Manager.

 

Pouvez-vous vous présenter ?

Joëlle Laillet : Je suis ingénieure de formation et travaille chez BOURBON depuis presque 22 ans. J’ai démarré ma carrière au département des constructions neuves de navires chez le premier shipmanager du groupe, Bourbon Offshore Surf, avant d’intégrer le département des grues de l’activité services sous-marins, chez Bourbon Offshore Gaia, d’abord aux achats puis à la maintenance. Je suis aujourd’hui responsable de la maintenance des grues dans une entité dédiée, Hydrauserv. Je gère une équipe de 5 techniciens itinérants.
 

Comment pourriez-vous décrire votre carrière en tant que femme chez BOURBON ?

J. L. : A mes débuts, chez BO Surf, je me suis trouvée plongée dans un environnement uniquement marin et masculin ; j’avais peu d’expérience et de connaissances du milieu maritime. C’était un challenge car j’ai dû à la fois apprendre un nouveau métier et m’intégrer dans ce milieu qui ne m’était pas familier.

En intégrant BO Gaia à sa création, j’ai retrouvé un environnement d’ingénieurs plus en phase avec ma formation, mais j’ai dû une nouvelle fois apprendre un nouveau métier. Il n’était plus question de navires mais de grues cette fois-ci.

J’opère dans un environnement essentiellement masculin, qui nécessite d’aborder en permanence des sujets extrêmement techniques. Ce n’est pas toujours facile de se faire accepter, il peut y avoir de la condescendance parfois, mais j’ai aussi appris beaucoup de mes collègues qui avaient la passion de leur métier, et qui souhaitaient transmettre cette passion.

Cette carrière m’a enrichie de nombreuses compétences dans des domaines très larges et pas uniquement techniques, et j’ai aussi fait de belles rencontres avec des personnes de tous milieux et de toutes nationalités.
 

Quels sont les principaux challenges auxquels vous êtes confrontée en tant que femme dans notre industrie ?

J. L. : J’ai toujours été très bien accueillie au sein de mes équipes, à terre comme à bord des navires, mais le fait d’être une femme impose de faire davantage ses preuves pour être prise au sérieux. Quand on évolue dans un milieu essentiellement masculin et qu’on gère des équipes qui ont l’habitude d’avoir affaire uniquement à des hommes, il faut parvenir à se faire accepter, se faire sa place même s’ils ont un esprit d’ouverture. Le management d’une femme peut être différent, moins dans l’autoritarisme, plus dans l’ouverture, l’écoute. Cela peut aussi déstabiliser les équipes, habituées au management masculin.
 

Si vous en aviez la possibilité, que changeriez-vous dans votre travail quotidien ?

J. L. : Globalement il n’y a rien que je souhaite changer à mon niveau, mais j’aimerais qu’il y ait plus de femmes dans les postes de direction. Peut-être qu’alors les femmes ressentiraient moins de frein, de doute sur le fait d’être à leur place à de tels postes. Elles auraient moins l’impression qu’un plafond de verre les empêche de progresser. Aussi, leur carrière ne devrait pas souffrir du fait d’être en congé maternité, d’avoir des enfants, d’être à temps partiel, etc. On entend encore trop souvent de remarques culpabilisantes à ce sujet.
 

Comment percevez-vous le rôle des femmes chez BOURBON ?

J. L. : J’ai plutôt l’impression qu’elles sont surtout présentes dans les fonctions support : les ressources humaines, la communication, les fonctions commerciales. Il est dommage qu’il n’y en ait pas plus sur des postes techniques et opérationnels. Malheureusement, j’ai aussi l’impression qu’il y a de moins en moins de femmes ingénieures ou marins, que les jeunes filles choisissent moins ces filières et qu’il est donc difficile de recruter sur des postes plus opérationnels.
 

Recommanderiez-vous aux jeunes femmes de faire carrière dans l'industrie maritime ? Si oui, quels conseils leur donneriez-vous ?

J. L. : Oui car il n’y a pas de métier inaccessible aux femmes. Même s’il faut quelquefois faire face à des remarques orientées, l’évolution de notre environnement est perceptible. Aujourd’hui, je sens une évolution positive dans les mentalités. Sur le plan familial, les jeunes hommes prennent leur congé paternité, sont plus dans une optique de partage des tâches et cela se ressent sur le plan professionnel. Cependant, je crains qu’il reste difficile pour une femme marin de combiner vie personnelle familiale et vie professionnelle, à cause des contraintes spécifiques aux navires de support dans notre industrie.

 

Portrait