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juillet 2020

CRISE :

Les priorités pour préparer l'avenir

EDITO

Un mot d'ordre : maintenir la pression

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Rodolphe Bouchet
CEO - Bourbon Marine & Logistics
2 min

Dans le dernier PartnerShip publié début mars, nous étions loin de nous imaginer que nous traverserions une telle période de crise, liée à ce que l’OMS n’avait pas encore qualifié de pandémie de Covid-19. Quatre mois plus tard, loin de remettre en cause nos orientations stratégiques, nous nous devons toutefois d’être pragmatiques et d’afficher clairement nos priorités à court terme, à savoir :

  • ne pas lâcher la pression sur les mesures de protection, le respect des procédures Covid-19 et des gestes barrières pour assurer la protection de nos équipes et de nos clients,
  • parvenir à organiser le retour de nos équipages qui, pour certains, sont embarqués depuis de trop longs mois, synonyme de fatigue physique et psychologique,
  • nous adapter à ce nouveau contexte économique, que nul ne pouvait prévoir, en réduisant nos coûts.

Sur le plus long terme, il est d’autant plus essentiel que BOURBON poursuive sa transformation. Alors que la pression sur la neutralité carbone augmente, nous relevons le défi de la transition énergétique : les initiatives prises dans ce sens – flotte diesel-électrique, programmes d’optimisation de la consommation de carburant, projets de propulsion par batterie, projets éoliens Offshore, etc. – se poursuivront ces prochains mois.

Notre plan d’action stratégique #BOURBONINMOTION répond plus que jamais aux besoins du marché et aux attentes de nos clients et nous continuons à enregistrer des succès sur nos nouveaux services : logistique intégrée, services aux passagers  «Airport-to-rig» ou shipmanagement externe. Parce que nous sommes convaincus que c’est la voie à suivre, nous continuerons à prendre de telles initiatives, digitales notamment, pour plus de services. Nos objectifs : d’une part délivrer l’excellence opérationnelle, d’autre part élargir notre portefeuille de services.

Le socle sur lequel repose cette stratégie est, quant à lui, immuable : il est constitué des 2 priorités que le groupe a définies pour l’ensemble de ses collaborateurs et de ses organisations dans le monde, au service de ses clients : la sécurité et la compliance.

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Edito
PAROLES D'EXPERT

L’après-pandémie en question

Rystad Energy est l’un des principaux experts mondiaux du secteur pétrolier. Alors que tous les acteurs du secteur évaluent les impacts de la pandémie de Covid-19, le fondateur et CEO Jarand Rystad nous expose sa vision sur l’avenir de l’Oil&Gas à court et moyen terme.

PartnerShip : Quel est l’impact de l'épidémie de Covid-19 sur le marché pétrolier ?

Jarand Rystad : Partout dans le monde, les déplacements en avion et en voiture ont été stoppés, de manière coordonnée. Le marché connaît par conséquent la plus forte récession jamais enregistrée. En avril, la production de pétrole a enregistré une baisse de près de 28 millions de barils, dix fois plus importante que la situation la plus critique jamais enregistrée jusqu’à présent. D’une région à l’autre, selon le degré de confinement, le trafic routier a diminué de 20 à 70 % dans la même période. La baisse du trafic aérien a été encore plus marquée : en mai, il y a eu 28 000 vols par jour sur les 115 000 prévus. Dans le même temps, la réduction du PIB mondial a fait chuter la demande de pétrole en tant qu’énergie et matière première pour les produits manufacturés. Avec la fin du confinement dans la plupart des pays, je pense que le trafic routier devrait revenir à environ 90 % de son niveau d’avant la pandémie, en moins de quatre mois. Mais, il ne retrouvera pas son niveau initial avant un certain temps. Ce délai sera beaucoup plus long en ce qui concerne l’aviation. À la fin de 2020, le trafic aérien sera au mieux à seulement 35 % de son niveau d’avant la crise. Il y aura très peu de liaisons aériennes internationales, mais le trafic intérieur en Chine, en Inde et aux États-Unis aura un impact positif sur la reprise.

PartnerShip : Peut-on s’attendre à de nouvelles consolidations dans le secteur ?

J.R. : Les grands groupes n’ont pas été si durement touchés. En effet, ils peuvent essentiellement récupérer des marges grâce à leur intégration en aval. Les acteurs indépendants, en revanche, souffrent des faibles volumes et de la baisse des prix. Certains d’entre eux ont beaucoup de mal à honorer leurs créances et pourraient être contraints à des consolidations. Cependant, les portefeuilles des petites entreprises n’intéressent généralement pas les grands groupes : les segments d’activité sont trop restreints, et pas assez productifs ou rentables. Ces indépendants sont susceptibles d’être repris par des acteurs financiers, les créanciers devenant ainsi actionnaires.

PartnerShip : Cette crise va-t-elle accélérer la transition énergétique des compagnies pétrolières ?

J.R. : Dans l’ensemble, la crise aura un impact positif, mais l’impact immédiat sera négatif, à cause des retards pris par les projets en cours et par les enchères publiques de terrains, nécessaires pour acquérir les terrains où construire les centrales électriques utilisant des énergies renouvelables. Alors que le prix du pétrole est fixé en dollars, le prix de l’électricité est généralement fixé dans la devise locale, ce qui pose des problèmes de rentabilité. Pour ces raisons, les projets d’énergie renouvelable sont retardés et bloqués. Cependant, d’ici deux ans, le coût des énergies renouvelables par rapport aux combustibles fossiles va nettement s’améliorer. La situation actuelle finira par profiter au « Tournant vert ».

"D’ici deux ans, le coût des énergies renouvelables par rapport aux combustibles fossiles va nettement s’améliorer. La situation actuelle finira par profiter au     « Tournant vert »."
Jarand rystadCEO DE RYSTAD ENERGY

PartnerShip : Les compagnies pétrolières sont-elles suffisamment engagées dans la révolution numérique ?

J.R. : Il y a eu une amélioration continue des logiciels, de la télédétection, etc. Dans les industries lourdes, on s’attend à ce que l’impact du numérique soit plus progressif que révolutionnaire. Je dirais qu’il a engendré, chaque année, une hausse de la productivité de 2 %. Et, je suis sûr que cela se poursuivra. La concurrence entre l’Offshore et le schiste est intéressante et l’on constate que les progrès ont été plus rapides dans le schiste.

PartnerShip : Selon vous, quelles seront les principales tendances et stratégies de développement du secteur pétrolier d’ici 2025 ?

J.R. : Selon moi, lorsque le prix du baril atteindra un niveau compris entre 50 et 55 dollars, l’industrie pétrolière investira à nouveau. Cela devrait se produire au cours de l’année 2021. Je pense qu’à partir de 2022, le prix du pétrole va considérablement augmenter et les années 2022 et 2023 seront fructueuses pour les compagnies pétrolières, avec des prix élevés et une activité soutenue. Cependant, il est possible que ces tarifs fassent chuter la demande : si le prix de l’essence augmente trop fortement, les gens seront enclins à choisir des véhicules électriques. Néanmoins, je pense que les compagnies pétrolières connaîtront une période faste, mais que la croissance sera suivie d’une récession. Il faut compter en général quatre ans entre deux périodes de croissance ou de récession. Les majors, qui s’engagent de plus en plus dans la transition énergétiques, y compris aux USA, limiteront les dégâts. Ils ont aujourd’hui la volonté d’aller au-delà de leur image de producteurs de pétrole en se positionnant davantage comme des acteurs majeurs de l’énergie. Ils ont l’avantage de posséder des marques connues et une proximité avec les utilisateurs finaux. Les petites compagnies auront intérêt à faire le dos rond en axant leur stratégie sur une réduction des coûts, l’exploitation de leurs ressources et une exploration limitée.

Paroles d'expert
ILS TEMOIGNENT

S’adapter pour surmonter le bas de cycle

La pandémie du Covid-19 est venue frapper une industrie de l’Oil&Gas qui voyait enfin le retour à la croissance après la grave crise des années 2014-2019. Alors que l’ensemble des acteurs mesurent au quotidien l’impact de cette crise sanitaire et économique sans précédent, les experts estiment probable une reprise progressive dès le début 2021. Point sur les mesures transitoires et les priorités de BOURBON dans l’attente de ce redémarrage d’activité.

Effondrement des prix du pétrole, navires désarmés, rigs désactivés voire démantelés... l’activité pétrolière subit depuis ce début d’année un coup de frein brutal que rien ne laissait présager. Mais cette crise du Covid-19 joue aussi un rôle d’accélérateur pour les compagnies pétrolières comme pour les entreprises de services maritimes. Enjeu majeur : la transformation et la transition énergétique pour faire face aux défis du climat par le biais notamment, de nouveaux modèles d’affaire et de digitalisation. A court terme, cette crise impose à BOURBON de se focaliser sur 3 priorités incontournables.

En premier lieu, le respect des mesures sanitaires de protection, des procédures Covid-19 et des gestes barrières. La santé prime sur toute autre considération. Les efforts collectifs et la solidarité existant entre BOURBON, ses clients et ses prestataires a permis jusqu’à présent de gérer au mieux la crise. « La diversité de nos clients est un avantage » souligne Ann Till, Coordinatrice Covid-19 du groupe. « Nous avons en effet pu partager avec eux des informations et des approches pour améliorer notre propre réponse à la crise ». Baisser la garde serait aujourd’hui une grave erreur, les mesures au sein du groupe seront donc maintenues aussi longtemps que nécessaire.

" Nous avons pu partager avec nos clients des informations et des approches pour améliorer notre propre réponse à la crise."
Ann tillcoordinatrice covid-19 

Au second rang des priorités, réussir les relèves des équipages et trouver toutes les solutions possibles pour les marins qui sont dans l’attente d’être relevés depuis trop longtemps. Certains d’entre eux sont en effet en grand dépassement de durée de rotation, fatigués physiquement et psychologiquement, éloignés de leurs familles. Plusieurs relèves ont pu être organisées en collaboration avec les clients depuis la mi-avril, en Angola, au Gabon, en Egypte, au Brésil ou encore au Congo et toutes les énergies sont mobilisées pour poursuivre dans ce sens. A bord des navires, les marins affrontent cette situation avec courage. « Des réunions quotidiennes et hebdomadaires avec partage des statistiques mondiales et des documents internes avec l'équipage sont hautement nécessaires et importantes en ces temps difficiles, pour réduire l’impact émotionnel négatif» explique Dmitrii Shcherbina, Commandant du Bourbon Liberty 320. « Il faut être fort et ne pas paniquer. Pour certains membres d’équipages, la fermeture des frontières s'est produite alors qu’ils s’apprêtaient à rentrer chez eux, d'où la nécessité d'une approche individuelle pour réduire la charge de travail, le stress et la fatigue qui en découlent ».

Troisième priorité, l’adaptation au contexte économique en réduisant les coûts. Les premières mesures concernaient le décalage de certains arrêts techniques et le désarmement d’une trentaine de navires. Nous savons aujourd’hui que cette mesure concernera finalement une cinquantaine de navires au global sur les 310 unités en activité en 2020. La majorité des maintenances de classe prévues au 2ème trimestre 2020 sont décalées : sur les 60 arrêts techniques prévus cette année, environ une dizaine devrait être annulée. Dans ce contexte, une bonne communication et une étroite relation avec les clients sont primordiales. BOURBON est prêt à apporter flexibilité et support pour les accompagner à court terme dans cette baisse d’activité. Cet accompagnement nécessite en revanche des paiements dans les délais et davantage de visibilité sur leur engagement à moyen terme.

Ils témoignent
REUSSIR ENSEMBLE

OVMSA2, en phase avec les nouveaux enjeux énergétiques

L’OVMSA est un outil d’auto-évaluation élaboré par les compagnies pétrolières regroupées au sein de l’OCIMF (Oil Companies International Marine Forum). Destiné aux opérateurs de navires offshore, il permet à ces derniers d’améliorer leur système de management mais aussi de se mettre en conformité avec les exigences de leurs clients. La révision de cet OVMSA est donc un événement pour l’ensemble des sociétés de service maritimes comme BOURBON, qui achèvera l'intégration de ces nouvelles règles cet été, avec une nouvelle version du Standard OSM BOURBON (Operational Safety Management). Faisal Rashid, Technical Advisor de l’OCIMF, revient pour PartnerShip sur les évolutions de cet outil majeur pour les compagnies maritimes.

PartnerShip : Fin 2019, l'OCIMF a publié une version sensiblement révisée du questionnaire OVMSA. Comment s’est déroulée cette révision et pour quelle raison ?
 

Faisal Rashid : Le questionnaire OVMSA1 est un document précieux pour les opérateurs de navires offshore, qui peuvent l’utiliser pour améliorer leur système de gestion. La première édition fut publiée en 2012. Il couvre presque tous les domaines de leur activité : technique, opérationnel, personnel, santé et sécurité, environnement, à terre comme en mer, etc. Au fil des ans, l’OCIMF2 a reçu des commentaires très utiles d’un certain nombre d’opérateurs au sujet de l’OVMSA. Certains estimaient que les exigences prévues étaient trop élevées, d’autres signalaient que des modifications de la législation internationale rendaient certains des critères initiaux moins pertinents. Le processus de révision a débuté en 2018, sur la base de cinq années de retour d’information. Un groupe de travail a été mis en place, composé de membres des représentants des compagnies pétrolières et de non-membres, parmi lesquels un délégué de BOURBON. La nouvelle version dite OVMSA2 fut publiée en décembre 2019.
 

PartnerShip : Dans quelle mesure connaissez-vous les compagnies maritimes ? Selon vous, quel impact ces changements auront-ils sur celles-ci ?
 

F.R. : Bien que le Forum ne représente pas les opérateurs de navires, l’OCIMF est en contact réguliers avec eux, notamment en matière de sécurité. Nous organisons des forums maritimes régionaux dans le monde entier, les intervenants sont souvent issus de sociétés maritimes, dont BOURBON. L'OCIMF gère le programme OVID3 sur lequel sont enregistrés les rapports d'inspection OVID effectués par les inspecteurs dument accrédités. L'OVSMA couvre un certain nombre de domaines, dont la maintenance des installations, la navigation, les opérations en positionnement dynamique, les opérations d'amarrage, la cargaison, le soutage, le ballastage, le levage et le hissage, le relevage d’ancres, la géophysique et la gestion de l'énergie. Il est important pour les sociétés membres de l'OCIMF de savoir que toutes ces questions sont gérées efficacement afin de s'assurer que les navires sont bien gérés. Grâce aux modifications apportées à l'OVMSA2, il est désormais plus facile de procéder à l’auto-évaluation. L’OCIMF a rationalisé le questionnaire, fusionné certains éléments et éliminé les ambiguïtés et les doublons. Il sera désormais plus facile de procéder à l'auto-évaluation. Le questionnaire comporte 257 questions, dont 17 nouvelles questions par rapport à la version précédente. En revanche, 32 ont été supprimées.
 

PartnerShip : Comment l'OCIMF a-t-il intégré les défis environnementaux dans son OVMSA ? Quelle est votre position concernant la transition énergétique ?
 

F.R. : Il s'agit d'un sujet très important pour l'OCIMF. Notre « Mission Statement » est le suivant : « Guider l'industrie maritime mondiale dans la promotion d'un transport sûr et écologiquement responsable du pétrole brut, des produits pétroliers, des produits pétrochimiques et du gaz, ainsi que véhiculer les mêmes valeurs dans la gestion des opérations maritimes offshore connexes. » L’OCIMF a donc développé ces thèmes dans l'OVMSA2. L'élément 10 portait auparavant sur la gestion environnementale. Il couvre désormais la gestion environnementale et énergétique, et intègre des questions sur l'efficacité énergétique et la gestion des combustibles.
 

1OVMSA: Offshore Vessels Management and Self-Assessment

2OCIMF: Oil Companies International Marine Forum

3OVID: Offshore Vessel Inspection Database

Faisal Rashid est conseiller technique offshore à l'OCIMF depuis septembre 2017. Il interagit avec les opérateurs de l'industrie marine offshore, coordonne les commentaires des membres et des non-membres et les diffuse au sein de l'industrie, en donnant son avis sur la manière dont la sécurité et la gestion environnementale peuvent être améliorées dans l'industrie marine offshore. Il fut commandant pour Shell, a exercé le métier d'évaluateur maritime, puis a travaillé dans le support maritime offshore pour BP Shipping.

 

Réussir ensemble
EN IMAGES

Bourbon Orca : le pouvoir de l'X-Bow !

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Premier navire AHTS à étrave inversée conçu par les chantiers norvégiens Ulstein, le Bourbon Orca se caractérise par une meilleure répartition des volumes à l’avant du navire, adaptée aux conditions de navigation en mer du Nord et par mer forte en général

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À la clé : une meilleure tenue et une réduction du tangage par mer agitée ainsi qu’une consommation de carburant réduite, générée par un meilleur passage de la vague.

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AHTS DP2, d’une surface de pont de 548 m2, le Bourbon Orca dispose de deux grues de pont en assistance des manœuvres de pont pour les opérations d’anchor handling, améliorant la sécurité de l’équipage.

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Le navire est aussi équipé d’une propulsion diesel-électrique couplée à des propulseurs azimutaux lui permettant d’allier manœuvrabilité à une consommation de carburant réduite.

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Le Bourbon Orca en résumé : fluidité, force et stabilité.

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Le Bourbon Orca en opération de remorquage et de connexion des éoliennes flottantes de 8,4 MW du parc Windfloat Atlantic, les plus puissantes jamais installées.

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Le Bourbon Orca au large de Brest, en mission temporaire de protection du littoral français pendant la période de maintenance du remorqueur de sauvetage Abeille Bourbon.

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En images
REGARDS CROISES

Crew boats : objectif renouvellement de flotte !

Bourbon Mobility est depuis 35 ans au service des acteurs majeurs de l’industrie Oil&Gas. Ses 2 millions de passagers transportés en toute sécurité chaque année en font le leader incontesté du marché, notamment en Afrique de l’Ouest. Sa force de frappe : une flotte en opération de 150 navires Crew boats dont la compagnie entend initier le renouvellement en partie ces prochaines années. Les explications de François Leslé, CEO, et Nicolas Elizon, COO.

PartnerShip : Comment Bourbon Mobility a-t-elle affronté la crise du Covid-19 ?

François Leslé : Je serais tenté de répondre à cette question au présent, car si la situation sanitaire s’améliore en Europe, nos lieux d’opération sont toujours fortement impactés par le lockdown imposé par de nombreux pays, en Afrique de l’Ouest notamment. Nos priorités sont la santé de nos collaborateurs, des clients que nous transportons et la continuité des opérations. Je tiens d’ailleurs à rendre hommage à nos marins qui, malgré des durées d’embarquement prolongées, font preuve d’un état d’esprit et d’un professionnalisme exceptionnels... Dans un tel contexte, nous devons nous adapter. Cela signifie notamment, à court terme, réduire nos coûts en désarmant une partie de nos navires. Cela ne nous empêche pas, bien entendu, de garder une vision sur le moyen terme et sur l’investissement dans le renouvellement de notre flotte que nous planifions d’ores et déjà.

" Nos priorités sont la santé de nos collaborateurs, des clients que nous transportons et la continuité des opérations."
françois lesledirecteur general de bourbon mobility

PS : Sur quoi s’appuie cette stratégie de renouvellement de la flotte de Crew boats ?

F. L. : Notre flotte a entre 8 et 9 ans de moyenne d’âge, ce qui est plutôt satisfaisant puisque la durée de vie d’un Surfer peut atteindre les 12-15 ans, selon l’utilisation qui en est faite et la rigueur de la maintenance. Donc, nous souhaiterions pouvoir renouveler environ 1/3 de la flotte de Bourbon Mobility dans les 4 prochaines années, en vue de maintenir son âge moyen entre 7 et 8 ans, en conformité avec le standard BOURBON. Nous opérons aujourd’hui près de 150 Crew boats, notre objectif serait d’en renouveler une cinquantaine.

PS : Quels navires seraient concernés par cette stratégie ?

Nicolas Elizon : Nous ne sommes pas dans une démarche de révolution mais d’évolution car nous voulons capitaliser sur nos 35 ans d’expérience. Les futurs navires intègreront les retours d’expérience acquis avec la génération antérieure. Nous souhaiterions mener en parallèle 2 grands programmes, avec une équipe projet dédiée : le renouvellement de la flotte des Crewliners, navires de 36 m, et renouvellement des navires de 18 m, les Interfields. Les Crewliners sont les navires monocoques les plus compacts du marché, équipés de systèmes de propulsion avec de grosses puissances (supérieures à 8 000 kw), permettant d’atteindre une vitesse de croisière au-delà des 40 nœuds. Les futurs navires auront une longueur de 38 m. Ils se verront dotés de moteurs de nouvelle génération mais aussi de toutes nouvelles cabines au design innovant et naturellement de tous les systèmes de communication et Entertainment type wifi, etc. proposés par Bourbon Mobility dans le cadre de sa transformation vers de nouveaux services. Pour les Interfields, le challenge réside davantage dans l’accroissement du nombre de sièges, autour de 30, tout en conservant le même gabarit et la même vitesse de pointe demandés par les clients. Point commun aux 2 programmes : la mise en place de systèmes de fuel monitoring, permettant de mesurer et surtout d’optimiser la consommation de carburant pour, à terme, réduire les émissions de CO2. C’est une nouvelle demande forte exprimée par nos clients.

" Nous ne sommes pas dans une démarche de révolution mais d’évolution car nous voulons capitaliser sur nos    35 ans d’expérience."
nicolas elizoncoo de bourbon mobility

PS : La modernité de la flotte est-elle le facteur clé de succès sur le marché de transport de personnel ?

F.L. : Après plusieurs années de crise, nous avons vu de moins en moins de constructions neuves sur le marché des Crew boats, même si certains chantiers ont essayé « d’écouler » des stocks de navires construits avant la crise auprès de nouveaux opérateurs. On constate également une tendance forte à l’innovation pour réduire les coûts, notamment pour éliminer tous les crewchanges faits par hélicoptères. Les clients sont plus attentifs au confort passager, et cela se traduit par une meilleure prise en compte du passager, comme dans l’industrie aérienne. Mais tous les projets ne sont pas viables économiquement. Bourbon Mobility s’inscrit dans cette dynamique d’innovation, tout en restant pragmatique. Pour le confort passager, nous nous sommes alliés à Peugeot Design Lab. Au final, le Surfer repose sur ces 3+1 piliers : safety/vitesse/fiabilité technique + confort. Mais il ne suffit pas d’avoir le meilleur navire, il faut également avoir l’opérateur qui dispose d’un système de management robuste et d’un réseau de maintenance local. La crise du baril, entre 2014 et 2019, nous a parfois impacté dans notre capacité à respecter nos standards mais le plan Back to Basics, initié il y a 2 ans, nous permet de corriger le tir afin de revenir à nos standards historiques. Le rajeunissement de la flotte va venir compléter ces actions de fond pour continuer de satisfaire nos clients 365 jours par an !

PS : Ces nouvelles unités s’accompagneront-elles d’un programme d’adaptation spécifique des équipages ?

N.E : Notre force est de nous appuyer sur des équipages compétents et déjà rodés aux opérations des navires, sans créer de rupture sur l’environnement opérationnel : nos stocks, nos programmes de maintenance et nos formations seront adaptés, mais nous conservons les socles. A l’image du secteur aéronautique, nous capitalisons sur une série, d’une génération à l’autre. Toutefois, nous développerons encore plus la maintenance prédictive et le support à terre, afin de minimiser les temps d’immobilisation.

Regards croisés
PANORAMA

WindFloat Atlantic : une aventure humaine...

Fin mai 2020, Bourbon Subsea Services effectuait le remorquage et la connexion de la 3ème éolienne flottante de 8,4 MW du parc Windfloat Atlantic à 20 km de Viana do Castelo, sur la côte portugaise, après avoir fourni et installé les lignes d’ancre. Avec une capacité totale de 25 MW, il s’agit des éoliennes flottantes les plus puissantes jamais installées.

BOURBON, responsable du management de projet et de l’ingénierie d’installation en mer, a mis en place l’ensemble des moyens navals et humains nécessaires aux opérations pour les 3 turbines. L’équipe projet de BOURBON a travaillé en étroite collaboration avec son client WINDPLUS qui associe EDPR, Engie, Repsol et les partenaires Principle Power, la joint-venture Navantia/Windar, le groupe A-Silva Matos, le constructeur de turbines éoliennes MHI Vestas, le fabricant de câbles dynamiques JDR Cables ainsi que Vryhof, le fournisseur du système d’ancrage. Bourbon Subsea Services se positionne ainsi comme le leader européen de l’installation des éoliennes flottantes offshore.

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Panorama