Lucia Boussougou, le calme d'une pilote en formation

A sa voix bienveillante et posée, on s'imagine une jeune femme tranquille. A 30 ans, Lucia Boussousgou se définit elle-même comme « douce de nature ». Quand on aborde la question du travail, elle annonce, imperturbable, qu'elle fera tout pour être validée comme pilote de Surfer dans quelques semaines. Pilote de Surfer ? Oui, et elle ne voit absolument pas en quoi ce serait surprenant. Portrait.

Originaire de Port-Gentil, au Gabon, Lucie Boussougou est entrée comme matelot chez BOURBON en 2016 après avoir fait des études de logistiques pétrolières et industrielles. « Une brèche s'est ouverte et je m'y suis engouffrée », explique-t-elle. « C'était une belle opportunité, je ne la regrette absolument pas ». En 2017, elle tente le concours interne de BOURBON qui offre la possibilité aux matelots de partir en formation afin de devenir pilote. Et c'est la réussite. « J'avais envie de gravir les échelons, c'est normal, non ? C'est comme pour les bateaux, j'espère pouvoir piloter des navires de plus en plus gros, Surfers puis supply, et pourquoi pas à l'international », précise-t-elle. Ils sont onze, dont deux femmes, à partir 4 mois au Maroc pour décrocher leur diplôme Capitaine 500.

Actuellement en doublure1, Lucia Boussougou a donc tous les atouts pour devenir l'une des deux premières femmes pilotes au Gabon d'ici la fin du mois de mars sur un Surfer 1800, tout en étant maman de trois enfants. Serait-elle un peu angoissée à l'idée d'endosser ces nouvelles responsabilités ? « Pas du tout, je n'ai aucune appréhension. Vous savez, j'ai déjà de sacrés responsabilités avec les enfants à la maison. Je suis contente d'occuper ce nouveau poste, mais je ne trépigne pas d'impatience. Les choses se mettront en place avec le temps », ajoute-t-elle avec philosophie. Elle ne craint ni le mauvais temps ni la houle qu'elle a déjà rencontrée lors de plusieurs boat-landing durant sa doublure : « même si ça peut paraître impressionnant, on ne prend jamais de risque », constate-t-elle.

"Même si ça peut paraître impressionnant, on ne prend jamais de risque"
LUCIE BOUSSOUGOUPILOTE DE SURFER EN FORMATION

 

Elle raconte avoir adoré sa première opération de lifting, qui a consisté à tirer, avec le Surfer, un pipe depuis la plateforme productrice de brut jusqu'au pétrolier pour transférer ce brut de l'un à l'autre. La mission n'était pas facile et un technicien de la plateforme avait été embarqué pour pouvoir faire des recommandations à l'équipage. « C'était passionnant, comme toutes les opérations qu'on fait la première fois et qui sont réussies, mais qui représentent des challenges techniques. En plus, nous étions deux femmes à bord, ce qui n'arrive jamais ». Alors invariablement, la question du genre refait surface : est-ce difficile d'être une femme à bord ? A peine lève-t-elle un sourcil pour répondre que non, pas du tout. Pas de problème d'acceptation, pas de gêne envers l'équipage ou les clients. « Les problèmes hommes/femmes sont les mêmes à bord que partout, mais on sait gérer. Les traversées sont courtes et, même si je suis douce de nature, il faut parfois être dure pour que les gens comprennent. Ça s'arrête là. Je n'ai jamais eu de problème avec ça ». Lucia espère que dans quelques semaines sa formation sera validée et qu’elle pourra assumer la pleine responsabilité de son Surfer et de ses passagers mais la future pilote se sent déjà prête à relever le défi !

 

1: Avant la validation de sa formation, un élève pilote navigue « en doublure » aux côtés d’un pilote référent ou d’un pilote titulaire.

Journée internationale de la femme