
BOURBON se positionne au Guyana
Selon les acteurs de l'industrie pétrolière, la production de pétrole d'ExxonMobil sur les champs Liza et Payara dans le bassin du Guyana, au large de la côte sud-américaine, sera équivalente à celle de l'Angola d'ici 5 ans. BOURBON a implanté une nouvelle filiale au Guyana pour être prêt à saisir les opportunités en ce qui concerne les PSV ainsi que les AHTS. Edward Rose Cooper, Directeur Général de Bourbon Guyana, explique les perspectives pour BOURBON dans cette région.
PartnerShip : Quels éléments ont amené BOURBON à créer une nouvelle filiale au Guyana ?
Edward ROSE COOPER : Je savais qu'ExxonMobil était très optimiste concernant ses projets d'exploration offshore. En effet, l'entreprise avait déjà réalisé d'importantes découvertes, notamment au niveau des puits Liza 1, Liza 2 et Payara. Liza 1 entrera en production début 2020, suivi de Liza 2 et Payara en 2022 et 2023. Dans 5 ans, la production de la région rivalisera avec celle de l'Angola - les perspectives sont de cet ordre de grandeur. J'ai convaincu nos dirigeants de l'intérêt de la région. Nous avons immédiatement lancé le processus pour créer la société Bourbon Guyana en tant que filiale de Bourbon Marine & Logistics. Nous avons ouvert notre bureau au Guyana le 17 mai 2019, soit moins d'un mois après avoir reçu notre certificat d'enregistrement. Il n'aurait pas été possible de répondre à des appels d'offres au Guyana depuis notre base de Trinité-et-Tobago. En effet, le gouvernement guyanien incite fiscalement les entreprises à venir s'implanter dans le pays, puisque c'est le début de l'essor de sa production pétrolière. Dans un premier temps, nous avons remporté un appel d'offres pour 2 OSV. D'autres appels d'offres sont en cours. Nous ne sommes pas la première entreprise de services maritimes à s'implanter au Guyana. Mais, nous sommes très bien placés pour remporter de prochains contrats avec Exxon Mobil et avec d'autres acteurs majeurs, comme Saipem.
PartnerShip : Quels sont les points forts de BOURBON sur lesquels vous pourrez vous appuyer ?
E.R.C. : Notre vaste présence internationale nous offre une expérience particulièrement significative dans la création de stratégies « local content », c'est-à-dire l'utilisation au maximum des ressources locales pour que le pays hôte et sa population bénéficient de l'exploitation pétrolière. Le Guyana est un pays très pauvre. Son gouvernement est déterminé à ce que les communautés locales profitent le plus possible de l'essor économique apporté par l'exploration et l'extraction pétrolières. C'est exactement en adéquation avec nos objectifs en matière de RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises). Notre capacité à innover et à élaborer des solutions pour répondre aux besoins de nos clients pendant les projets est déjà perçue très positivement par nos clients potentiels au Guyana. Nous avons déjà travaillé ensemble dans de nombreuses autres régions du monde. Le savoir-faire industriel du Guyana se situe plus au niveau de l'exploitation minière et forestière que dans l'exploitation pétrolière et gazière. C'est vraiment l'occasion d'apporter notre expertise.
" Notre capacité à innover et à élaborer des solutions pour répondre aux besoins de nos clients pendant les projets est déjà perçue très positivement par nos clients potentiels au Guyana."Edward ROSE COOPERDIRECTEUR GÉNÉRAL DE BOURBON GUYANA
PartnerShip : Quelles sont les difficultés auxquelles vous devez faire face ?
E.R.C. : Comme l'industrie n'est qu'à ses débuts au Guyana, la disponibilité des infrastructures et des équipements est très limitée. Nous dépensons beaucoup d'énergie à mettre en place des réseaux de fournisseurs locaux pour répondre aux exigences gouvernementales. Un contrat-cadre régit le local content. Au moins 50 % des ressources que nous mobilisons doivent provenir de la région, y compris la main-d’œuvre. En pratique, une certaine marge de manœuvre est accordée. Cela dit, il est important de prouver autant que possible notre participation au développement de l'économie locale. Par exemple, l'essentiel de la formation fournie au personnel que nous employons doit se dérouler sur place, plutôt que d'utiliser nos installations situées à Trinité-et-Tobago.
PartnerShip : Quelles sont d'après vous nos perspectives économiques dans la région ?
E.R.C. : Lorsque le 3ème puits sera opérationnel en 2023, je pense qu'ExxonMobil pourrait avoir besoin de 50 PSV. BOURBON peut espérer obtenir environ 30 % de ce marché, soit près de 15 navires. Nous sommes également en cours de négociations pour fournir d'autres navires de support, peut-être entre 5 et 7. De plus, pour répondre aux besoins d'ExxonMobil, nous espérons fournir plusieurs PSV à Saipem. À moyen terme, je suis sûr que les projets offshore au Guyana représenteront une part significative des opérations du groupe.
Trois questions au country manager de saipem
" Chez Saipem, nous sommes très enthousiastes concernant les perspectives au Guyana ". L’italien Saipem, prestataire de services en énergie et infrastructure, fut un des premiers acteurs impliqués dans le projet d'exploration d'ExxonMobil, assure Thuranthiran Nadarajah, Country Manager du Guyana. Interview.
Quelles sont les raisons qui ont amené Saipem à opérer dans cette région ?
Thuranthiran Nadarajah : En 2015, ExxonMobil a annoncé une importante découverte de pétrole en pleine mer au large des côtes du Guyana. Dès le départ, Saipem a décidé de participer au projet. En effet, nous sommes particulièrement performants sur ce type de projets. Le Guyana n’ayant aucune expérience en termes d’industrie pétrolière, nous avons alors considéré que nous possédions la culture, l'expérience et le savoir-faire nécessaires pour mettre en place les conduites et l'infrastructure sous-marine nécessaires. Nos compétences semblaient correspondre parfaitement aux besoins du pays.
Quelles sont les perspectives de développement et quels sont les obstacles que vous avez dû surmonter ?
T.N. : Dans 4 ou 5 ans, il y aura 5 FPSO1 exploités par un seul producteur. Dautres producteurs sont susceptibles d’intervenir également, de sorte que d’ici 10 ou 15 ans, il pourrait y avoir jusqu'à 10 FPSO. Les besoins seront considérables : près de 800 à 1 000 km de conduites, 200 à 300 structures sous-marines et 500 à 800 jumpers2. Chez Saipem, nous attendons avec impatience cette période passionnante au Guyana, avec au moins 20 ans de perspectives. Le principal défi auquel nous sommes confrontés, c'est l'absence totale d'infrastructures : il n'y a même pas de réseau routier adapté au transport d'équipement lourd. Un autre problème au Guyana, c'est que toutes les informations relatives au transport maritime et aux procédures douanières sont toujours enregistrées manuellement. Cela prend du temps. Cependant, il existe un potentiel énorme, non seulement pour Saipem, mais également pour nos partenaires et nos fournisseurs, pour mettre en place de nouvelles infrastructures et introduire des systèmes modernes.
Comment voyez-vous votre partenariat avec BOURBON au Guyana ?
T.N. : BOURBON apporte régulièrement des solutions aux défis de la chaîne logistique. Personnellement, j'ai toujours eu d'excellentes relations avec les commandants et les équipages de BOURBON. Ils sont très professionnels. Sachant que d'autres producteurs vont également s’installer dans la région, il y aura beaucoup de travail pour une entreprise comme BOURBON, pour des navires supply à positionnement dynamique, mais également des remorqueurs et des barges.
1 : Floating Production Storage and Offloading ou unité flottante de production, de stockage et de déchargement.2 : Conduites permettant de raccorder deux structures sous-marines.