Regards croisés

DRASSM – BOURBON : " Une belle aventure commune "

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Depuis l’été dernier, BOURBON accompagne le Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines (DRASSM) dans ses activités en assurant le shipmanagement de ses 2 navires, l’André Malraux et la toute nouvelle unité de recherche Alfred Merlin. Un partenariat qui intervient alors que ce Département du Ministère de la Culture est à un tournant de son histoire en se voyant doté d’un second navire lui permettant d’étendre considérablement son périmètre d’intervention. Les explications d’Arnaud Schaumasse, Directeur du Drassm, et Frédéric Leroy, Directeur adjoint et Conservateur du Patrimoine (Ministère de la Culture & Drassm).
 

PartnerShip : Pourquoi votre Département a-t-il confié le shipmanagement de ses navires à BOURBON, un leader des services maritimes à l’offshore ?

Arnaud Schaumasse : Je crois que nous avons fait le choix de la raison et je m’en félicite. Notre objectif est de pouvoir être pleinement concentrés sur notre cœur de métier, ses spécificités, en confiance et en sécurité. Dans le passé, nous avons géré les questions du shipmanagement des navires de façon empirique mais le doublement de notre flotte nous a interrogés sur la pérennité de notre organisation. Un nouveau navire, cela signifie plus d’équipages, d’encadrement, de ressources, du recrutement, etc. c’est ainsi que nous nous sommes demandés quelle était l’option la plus pertinente pour répondre à ce besoin, pour disposer d’équipages fiables en lesquels le service dans son ensemble mais surtout les archéologues et les scientifiques à bord pourraient avoir toute confiance, à la fois pour la navigation mais aussi pour répondre à leurs besoins.

Frédéric Leroy : Le Ministère de la Culture a envisagé le recours à des services de l’Etat avant de décider de faire appel à des professionnels en ayant une vision plus globale, incluant les marins, les équipages et la gestion technique de nos navires. Dans ce cadre précis, BOURBON est apparu être particulièrement qualifié pour accomplir cette mission.
 

PartnerShip : Comment ces 2 mondes, l’oil&gas et la recherche archéologique, se sont-ils rencontrés ?

A. S. : De façon très naturelle et fluide. J’ai vu d’une part, au Drassm, des professionnels tout mettre en œuvre pour faciliter la transition. Notre responsable d’armement, par exemple, a pu mettre en mot les attentes des uns pour que les autres les comprennent. J’ai vu d’autre part, chez BOURBON, un équipage extrêmement attentif aux attentes des équipes scientifiques, à l’écoute, concentré sur l’essence même du service : permettre aux équipes scientifiques d’accomplir leurs missions.

F. L. : Pour ma part, j’ai rencontré pour la 1ère fois les équipes de BOURBON quelques jours avant la prise de fonction des équipages. J’ai été frappé par la connivence dans la manière d’aborder les choses. Comme le dit Arnaud, tout était très naturel. Autre point très important, le fait que les marins aient été volontaires. Ce fut déterminant ! J’ai le souvenir d’un jeune officier, sur l’Alfred Merlin, qui était très motivé, enthousiaste à l’idée de naviguer sur ce navire spécifique de recherche. En le voyant s’exprimer avec envie et curiosité, j’ai compris que nous allions exactement là où nous voulions aller, vers une véritable synergie de compétences. Effectivement, le choix qui a été fait est un choix de raison, qui nous amène à un beau projet et à une belle aventure que l’on a à construire. Une aventure commune.

A. S. : Je tiens également à souligner la dimension humaine de ce partenariat. BOURBON a accueilli dans ses équipes certains de nos anciens marins, et je pense que ça a aussi joué dans le relationnel de nos équipes car ces marins ont une expérience et une connaissance. Le fait de les voir intégrés à cette transition est très appréciable, pour le bénéfice de tous.
 

PartnerShip : L’enjeu majeur des opérations dans l’oil&gas est la sécurité. Dans quelle mesure ce critère a-t-il été important dans la sélection de BOURBON ?

A. S. : Sur ces questions, nous avons un objectif commun et parlons la même langue. A bord de l’André Malraux, les équipages étaient déjà très vigilants sur les questions de la sécurité, mais l’idée d’être en partenariat avec une grande entreprise, dont la maitrise du sujet est mondialement reconnue, nous donne un vrai gage d’excellence. Alors que notre nouveau navire, l’Alfred Merlin, finit sa phase préparatoire, il est très important que toutes les remarques qui puissent être faites sur la sécurité des opérations soient prises en compte. Le dialogue a été très nourri et nos équipes scientifiques, nos plongeurs, qui exercent un métier à risque, y ont été très sensibles.
 

L’idée d’être en partenariat avec une grande entreprise, dont la maitrise du sujet est mondialement reconnue, nous donne un vrai gage d’excellence.

Arnaud Schaumasse
Directeur du Drassm

PartnerShip : Le Drassm est à un tournant de son histoire. Comment l’appréhendez-vous ?

A. S. : Dans le contexte budgétaire actuel, que le Ministère de la Culture ait fait le choix, il y a quelques années, d’un 2ème navire hauturier de recherche archéologique est un acte très fort. A nous, à présent, de traduire ce geste, cet engagement et cette confiance. Dans un premier temps, nous devons mettre en place la nouvelle couverture spatiale que permet cet équipement et nous structurer pour gérer les opérations futures, qui vont être probablement doublées, voire triplées, par rapport à aujourd’hui. Cela signifie réussir une programmation scientifique qui prouve que disposer de 2 navires de haute mer, ça fait sens. Nous devons être en mesure de répondre aux besoins des collectivités ultra-marines. L’Alfred Merlin pourra rayonner vers nos territoires des Amériques et de l’Océan indien. Dans ce contexte budgétaire, nous avons à court terme une mission très forte et symbolique de nouer des partenariats scientifiques en France et à travers le monde, le plus emblématique étant celui noué avec l’Université de Standford, concrétisation d’un engagement important de mon prédécesseur et qui se matérialise par la conception d’un robot humanoïde capable de descendre à une profondeur de 1000 mètres.
 

PartnerShip : Quel est l’enjeu pour la communauté scientifique ?

A. S. : Avec ce robot humanoïde doté d’outils de préhension très fines, s'offre aux archéologues un nouveau continent, des profondeurs auxquelles nous n’avions pas accès jusque-là, et nous pourrons accéder à un patrimoine culturel dont on trouve trace parfois dans la littérature mais parfois même pas. Et qui va décupler le champ d’investigation scientifique !

F. L. : C’est aujourd’hui dans notre ADN de contribuer à la conception d'outils robotiques qui n’existent pas sur le marché mais qui répondent à nos besoins. Que le robot plonge, c’est une chose, mais qu’il ait une main capable d’attraper un objet fragile sans le briser, nous entrons dans le monde de demain. C’est un chantier poursuivi depuis plusieurs années avec beaucoup de constance et d’engagement. C’est un grand pas en avant pour la discipline toute entière.

A. S. : Nous allons aussi poursuivre le développement du champ de l’archéologie sous-marine préventive dans le cadre des aménagements, sur lesquels nous avons notre mot à dire pour garantir la préservation ou la connaissance du patrimoine commun qui pourrait être impacté par ces travaux. Nos navires, et leur équipage BOURBON, auront un rôle majeur à jouer, ils nous permettront de rayonner, de prendre possession de nouveaux territoires. C’est un challenge très excitant !

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