“À bord, la sécurité passe avant tout”

Originaire du Nigeria et installé en Pologne depuis plus de seize ans, Ebisido Ebaretombofa est commandant de l’AHTS Bourbon Liberty 252. Avec humour, sincérité et passion, il raconte son quotidien aux commandes d’un navire polyvalent dédié au remorquage, au relevage d’ancres et aux opérations cargo. Une vie exigeante, rythmée par la discipline, l’esprit d’équipe et une vigilance constante en matière de sécurité. 
 

Pouvez-vous vous présenter ? 

E.B. : Bonjour, je m'appelle Ebisido Ebaretombofa, je suis originaire du Nigéria mais je vis en Pologne depuis seize ans. Je suis le commandant du Bourbon Liberty 252, un navire AHTS - Anchor Handling Tug Supply - spécialisé dans le remorquage, le relevage d’ancres et le ravitaillement de structures offshore. C’est un navire très polyvalent, adapté à de nombreuses opérations tant que l’on reste dans ses limites techniques. 
 

Qu’est-ce que cela représente, être commandant ? 

E.B. : C’est une grande responsabilité. Tu es responsable de tout : les opérations, les communications avec les équipes à terre, les clients… Il faut aussi gérer l’équipage, souvent composé de marins venus d’Europe, d’Afrique, du Moyen-Orient… chacun avec sa culture et sa manière de travailler. Et toi, tu dois faire en sorte que tout fonctionne, que tout le monde travaille en harmonie. 
 

Comment gérez-vous la sécurité à bord ? 

E.B. : À bord, tout le monde doit respecter les mêmes règles : gilet de sauvetage, casque, gants, lunettes, chaussures de sécurité… Et surtout, il faut montrer l’exemple. Si je vois quelqu’un sur le pont mal équipé, je l’appelle directement à la radio : « Hé, tu fais quoi là ? Va te changer, s’il te plaît ! » Nous utilisons aussi les B Safe cards, qui nous permettent de tirer des leçons des incidents ou des quasi-accidents, pour apprendre et progresser. C’est une priorité absolue. Comme on le répète : Safety first. Notre objectif, c’est le zéro incident, le respect de l’intégrité des marins et des équipements. C’est aussi simple que ça. 


À quoi ressemble une journée type ? 

E.B. : On commence avec un bon café, puis à 7h pile, tout le monde se retrouve à la passerelle pour le toolbox talk. C’est le moment où l’on prépare les opérations du jour. Le chef mécanicien parle des machines, le second capitaine informe sur les travaux du pont. À 8h, le bateau est déjà en pleine action. Et moi, je reste disponible en toute circonstance ! 
 

Votre travail a-t-il évolué ces dernières années ? 

E.B. : Énormément. Aujourd’hui, tout est digitalisé. Avant, on avait des classeurs, des checklists papier… Maintenant, grâce au système mis en place par Bourbon, tout est en ligne : les procédures, le Safety Management System, les rapports… C’est plus rapide, plus efficace, et ça simplifie vraiment notre quotidien. 


Pouvez-vous nous rappeler quel a été votre parcours ? 

E.B. : J’ai étudié la navigation et l’ingénierie maritime à Gdynia, en Pologne, entre 2008 et 2011. J’ai commencé sur des méthaniers comme élève officier, puis j’ai gravi les échelons. Ensuite, j’ai navigué pour une société locale, puis sur des navires de forage. En 2013, j’ai rejoint Bourbon pour quelques mois, puis je suis parti vers une autre compagnie… jusqu’au COVID, où Bourbon m’a recontacté. J’ai dit oui, parce que chez BOURBON, je me sens un peu comme à la maison. 


Comment décririez-vous la relation avec le bureau et les managers ? 

E.B. : Chez Bourbon, on a notre “bible” : le Safety Management System. On y trouve toutes les opérations possibles. Mais si j’ai un doute, j’appelle le responsable des opérations ou le superintendant technique. Personne ne juge. On peut poser des questions, proposer des idées, toujours dans un esprit constructif. Je peux dire au bureau : « On n’a pas eu de café aujourd’hui », «internet ne marche pas », « j’ai mal dormi »… Ils comprennent. La relation est vraiment humaine, c’est comme une famille. 
 

Avez-vous une anecdote qui vous a marqué ? 

E.B. : Oui, ma première mission comme commandant, sur le Bourbon Liberty 206. J’étais en visio avec le bureau quand les autorités sont montées à bord. Je cherchais tous les papiers, et le manager me disait en direct : « N’oublie pas de leur montrer aussi ça. » Il était à l’autre bout du monde, mais il m’aidait ! Il savait que je connaissais mon métier, mais il m’épaulait. C’était top. Et puis il y a les moments plus légers… Quand tu travailles avec des collègues qui ne parlent pas très bien anglais : « Tu veux un marteau ? » Tu dois mimer le geste ! Ils reviennent avec un marteau… pas toujours le bon, mais au moins ils essayent ! On en rigole. L’essentiel, c’est d’être patient et de bonne humeur. 


Qu’est-ce que le métier de marin représente pour vous ? 
 

E.B. : C’était mon rêve. Et c’est une expérience extraordinaire. On rencontre des marins de tous horizons, des cultures différentes… et des cuisines différentes ! BOURBON offre cette opportunité sans limite. J’ai toujours rêvé de naviguer et grâce à BOURBON, ce rêve est devenu réalité. Aujourd’hui, je suis commandant. 
 

Quel conseil donneriez-vous aux jeunes qui veulent devenir marins ? 

E.B. : Je leur dirais : il faut vraiment en avoir envie. Ce n’est pas un métier facile. Ça demande beaucoup d’engagement, d’ouverture d’esprit et de persévérance. Mais souvent, c’est au moment où tu es prêt à abandonner… que tu as une promotion ! (rire) Les débuts peuvent être difficiles, mais avec de la patience, vraiment, tout finit par s’arranger. Et au final, c’est un métier merveilleux.

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